mercredi 22 décembre 2010

empreinte_04


7, rue de Vanves : immeuble jaune

Le 17 décembre dernier, Marguerite a eu 95 ans. Qu'elle soit plus parmi nous ayant rejoint le cimetière familiale de Eckarstwiller, cela ne change rien. Toujours là dans la tête au milieu de son appartement du 7, rue de Vanves. Avec ses amis trouant les cartes du PMU avec une perforeuse prévu à cet effet, recevant Nenette, sœur d'André, sa fille Andrée, son fils, Jean-Claude, Nicole, sa belle fille, ses petits enfants, Nicolas et moi. Que ce soit un dimanche, un jour de fête, anniversaires, noël. Moment pure où sont mis de côté les animosités de chacun pendant un temps. Elles surgiront plus tard avec la vieillesse grandissante et les problèmes qui se détachent pas. Une Marguerite solide, obtus, dure sauf peut-être avec nous, les petits enfants. Préservé de tout pendant longtemps. Nous étions les rois du 25m2. Notre caisse de jouets sous la télévision, le cagibi, qui servait de grenier. Nous y passions du temps, regardant le passé du 57. Inscrit dans ce débarras sans fenêtre. Aucune intrusion du présent. Les jouets de notre père. C'est là que mon père a rassemblait ce qui constitue la Valise(s). La porte du cagibi donnait sur la salle à manger mansardé. Une sorte de polystyrène isolant recouvrant les pentes intérieur du toit. Des empreintes de bouchons de champagne, crémant d'Alsace des différents repas. Petit endroit où il y avait juste la place pour la famille et les amis. Lors des repas dominicale accompagé généralement de choucroute ou au minimum d'une quiche lorraine, l'appartement était remplis. Les Houyez et nous cela faisait 10 personnes. Les enfants dans le salon/entrée devant le coffre à jouet ou la télé. Les adultes se répartissaient sur la cuisine et la salle à manger. Le salon entre les deux, nous voyons avec les enfants Houyez, un défilé d'adultes rigolant, la senteur du vin blanc cuit avec quelque chose. Des fois nous venions juste mon frère et moi. Regardant à la télé, les programmes interdit par les parents. Une fois un TV film américain sur des Abeilles Tueuses. Grand souvenir. On garde cette vielle habitude de voir toujours ensemble des films d'horreur dans les moments de rassemblement familiale. On attend que tout le monde dorme pour se voir dans l'intimité fraternelle. Les sorties avec la grand-mère dans les rues de Billancourt. Nous prenions généralement la rue du Vieux Pont de Sèvre pour rejoindre la place Marcel Sembat et boulevard Jean Jaurès. Passage par la boulangerie pour notre éclair au café et plus rarement par le Prisunic, le cimetière. Très rarement à Boulogne. Même pas le souvenir du bois. Nous allions sur l'île Saint Germain sous la surveillance de la sculpture monumentale de Dubuffet mais jamais place Nationale ou proximité avec l'usine. Ne pas nous la montrer. Périmètre de protection à la misère. L'Alsace dans l'enclave du 7,rue de Vanves nettement plus confortable. La saveur du Kougelhopf à Billancourt loin des cheminées de Renault. Prendre le train à Gare de l'Est.


photographie : Nicole Wurtz

samedi 11 décembre 2010

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Premier croquis du 57 fait à partir des souvenirs de Michel Houyez. Le jardin collectif, l'arbre au centre de la cour. Le petit immeuble de deux niveaux : Au rdc, quatre pièces en guise d'appartements dont un qui était occupé par les Duquenoy et Wurtz. Entre les quatre, un escalier qui donné sur l'appartement des Houyez pour la famille très nombreuse. Puis l'immeuble standard de quatre ou cinq étages, à droite du petit donnant sur la cour et la rue de Vanves. A chaque rue son entrée et à chaque faille son jardin collectif. La cour à gauche des jardins qui avait du servir au repas de la communion d'André (voir Valise_03) ou pas. Plein d'incertitude mais la reconstruction avance. Comment était les intérieurs, les escaliers, la poussière au sol, quelles plantes et légumes trouvait-on dans le jardin, quel accès pour sortir et rentrer. Celui de la rue, du vieux pont de Sèvres pour le travail et celui de la rue de Vanves pour les jours de sorties vers le bois de Boulogne. S'écarter de la ville pour trouver du vert et revenir se mettre à l'abri sous l'arbre de la cour du 57 pour jouer aux cartes et voir les fourmis monter dans l'arbre, les enlever des cartes et voir la lumière du soir du couché derrière l'immeuble d'en face de la rue du vieux pont de Sèvres et se dire que l'hiver est encore loin car il fera froid dans les 12 m2. La terre au sol, le charbon (j'imagine) dans un coin pour le poil, les couvertures calfeutrant les fenêtres et si ça gèle demain, on ira marcher sur la Seine gelé et plus besoin d'empreinter le pont Daydé pour rejoindre les copains et aller narguer les colles blancs de Meudon. Le soleil blanc ne se cacherait plus derrière l'immeuble. On le verrait tomber sur le Val de Seine derrière toute les fumées des usines qui bordait ce fleuve et remonter la rue du vieux pont de Sèvre jusqu'au 57, passant devant l'école Thiers dormante et retrouver la cour, l'arbre dénudé et les siens.

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Laissons Renault et Billancourt se reposer. Trapèze et ile recouvert de neige, les travailleurs des tours et "non tour" au repos et au chaud chez eux.
Allons du côté de Saint-Ouen, en 1968, après la grève au moment de la Reprise du travail aux usines Wonder. Grand moment du cinéma direct. Ne pas retourner dans "cette taule", tourner les pas et dire stop. Film qui donnera la vie à un autre. Celui de Hervé Le Roux : donner la parole une seconde fois à elle et aux autres. Un échos sans fin.

La Reprise du travail aux usines Wonder (1968), Jacques WILLEMONT