A force d'énumérer le 57, rue du vieux pont de Sèvres, voici ce qu'il est devenu. Voilà à quoi ressemble la centrale téléphonique : un bloc de béton sertie d'un seul œil long et fin. Tourné vers la rue de Vanves, faisant face à l'immeuble qui accueillit Marguerite avant la démolition. Côté rue du vieux pont de sèvres, l'entrée grillagée avec son numéro discret : 57. Invisible sur celle-ci, de l'autre côté du bloc. Ce cyclope prisonnier de son île Tchernobylienne. Lieu qu'on préfère oublier, enlever ce qui paraît être malade. Sauf ceux qui se sont battus pour pouvoir reloger les habitants du 57, grâce au habitant et le Parti. Longue négociation avec la Mairie qui s'était empressé de racheter le terrain sans se préoccuper des locataires. Tellement « embêter » par la situation et par le Parti, ils iront jusqu'à chercher, Michel, amie de Jean Claude et habitant du 57 à la régie en voiture pour une proposition de logement. Ce fut long mais tout le monde récupéra un logement.. Puis des ouvriers sont venu vers 1972 ou 1973, recouvrir le 57 comme en 1986. J'imagine le regard de la Marguerite et du père depuis le cinquième étage du 7 rue de Vanve, regardant le lieu disparaître dans un nuage de poussière et voir apparaître ce bloc gris. Dans le plus grand anonymat, des hommes sont passé et repartit. Recouvrant le passé de ce lieu. Amorce de la transformation. Au même moment, la direction de Renault annonce les futurs délocalisation de Renault Billancourt, sous le terme de décentralisation : éclatement du corps. Trop peu soucieux de savoir ce qu'on va devenir.
Vouloir rentrer. M'exposer à l'élément dangereux pour les démolisseurs. Puis laisser la porte ouverte, laissant la mémoire s'étendre sur Billancourt, ville orpheline de son identité ouvrière.
A l'entrée de la plaque « 57 » il y a un gardien. Il a ordre de la laisser fermer à toutes personnes « étrangère ». André, gardien à l'usine, devait faire pareille. Poste déplacé de l'usine à la maison. Aurait-il apprécier? Je ne penses pas.
Vouloir rentrer, dans l'usine fantôme et dans le 57 : toutes les deux fermées à mes envies. Percer l'œil tel Ulysse. Faire naître la colère des puissants et voir le suintement sur les murs. L'humidité éclatera ce sarcophage laissant apparaître le vert éclatant de l'arbre de la cour du 57.
© photographies : Jérôme Wurtz
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