pour cet échange des #vasescommunicants, jérôme et moi, nous nous sommes donnés rendez-vous
c'était la deuxième fois que nous nous rencontrions
avais été à paris, aux atelier varan, à la projection de son film : fermeture
avons choisi des photos, lui dans les miennes, moi dans les siennes, et avons lancé l'écriture à partir d'elles
jérôme wurtz
femme vient et s'en va
demeure dans l'apparition disparition
sa carnation invente la pâleur de l'image
presque un rose twombly
ou un greige tapiès
ce matin-là elle palimpseste sa vie portraiturée je te dis
dans le linge des songes
elle l'a peut-être vu ce matin-là
quand elle traversait le paysage et passait près des ruines
elle l'a peut-être vu celui là-bas assis sous l'arche en plein cintre
goûtant l'air odorant
et si c'était l'amour
jusqu'au sourire
jusqu'au sang
jusqu'à la perte de son nom
son prénom il tiendra
armelle ou mélanie ou marcelle
l'écriture cherche une histoire un récit des mots pour elle
des mots pour lui
un surgissement de bribes
un paysage de possibles
jérôme wurtz
geste nonchalant
dans la lumière sous l'arche
dire oui au jour du monde
se poser dans l'attente du soir
dans la rêverie d'un lion d'or au festival de venise
à moins que
déclin de la classe ouvrière
mais la vie est à lui
là sous l'arche
regard sur la pierre
et les crapauds donnent de la voix
l'a-t-il aperçue au loin en contrebas
traverser le paysage près des aubépines
ou rêve-t-il plutôt à celle dont il a croisé les yeux bruns
dans le rer (c'est la passion qui passe ou quoi)
il y a quelques semaines
pendant son voyage dans la capitale
et une visite à une amie en vallée de chevreuse
je le vis je rougis je pâlis à sa vue
jérôme wurtz
et ces deux-là assises
sous le portique du temps
à deviser dans le rose
bâtiment en ruines
peut-être un ancien temple du 11e siècle
la pluie vient juste de cesser de couler
sur les grands blocs de pierre
au pied des colonnes
sur les touffes d'herbe
aux alentours grande forêt et odeur effarante de terre mouillée
l'air si doux le monde semble léger
et pourtant
paroles volètent
qu'est-ce qui te tourmente
guerre typhon famine
feu ou guerre
chaque année apporte ses catastrophes
j'ai vu des hommes battus comme des bêtes
en vérité la vie humaine est aussi fragile et éphémère
que la rosée du matin
je sais bien que je vais mourir
il se moquait de mon époux
il m'a poursuivi
j'ai couru à travers les sous-bois
il m'a rattrapée
il m'a prise
j'ai planté les yeux dans le soleil
et ai donné mon ardeur à l'inconnu
ailleurs des femmes ouvrent leur sexe pour quelque argent
dans le regard de mon époux une lame d'acier : le regard du mépris
tue-moi vite j'ai dit
n'en a rien fait
alors c'est moi qui ai planté ma dague dans son corps
ai planté l'écriture dans la pellicule
c'est le mot usine qui se laisse entendre soudain
le déclin de la classe ouvrière
ombre et lumière dans l'usine en ruines
comme dans la grande forêt
arbres feuilles soleil à l'extérieur de l'usine
comme dans la grande forêt
sanglots
une main doucement
retira la dague
ici voix se mêlent
temps se tissent
images soufflent leur couleur
humanité se trouve
hurle à travers la toile
accroche la tendresse
au bord de l'éternité
c'est grande gratitude
Très beau ce "dialogue" entre images et poèmes.
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